Lettre d’opinion : Westmount tient le MTQ responsable du projet Turcot

Dans une chronique parue le 7 juin dernier, Martin Patriquin a tenté de dépeindre les citoyens de Westmount comme des personnes ayant le sentiment que « tout leur est dû », des isolationnistes essayant de bloquer la réfection de l’autoroute Ville-Marie. Dans le climat médiatique actuel, ce genre d’affirmation peut séduire, mais c’est loin de correspondre à la réalité.

Tout d’abord, permettez-moi d’affirmer sans équivoque que la Ville de Westmount est entièrement en faveur du projet Turcot et de la construction de la nouvelle autoroute 136. Même s’il faut s’attendre à un autre été ponctué de détours et d’inconvénients, tout le monde convient que cet investissement indispensable en infrastructures a été repoussé depuis beaucoup trop longtemps. Il est essentiel et dans le meilleur intérêt de tous d’assurer un accès facile au nouveau CUSM et au centre-ville.

Toutefois, un projet de cette envergure doit faire l’objet d’une planification minutieuse avant que la construction ne commence, de telle sorte que les enjeux environnementaux et autres soient bel et bien pris en compte.

Comme le reconnaissent maintenant les autorités mondiales, dont l’Organisation mondiale de la santé et les Nations Unies, le bruit est une importante forme de pollution qui peut avoir des effets néfastes sur la santé et la qualité de vie de la population. On prévoit qu’une fois l’autoroute terminée, les niveaux sonores dépasseront de loin les normes environnementales québécoises. Demander au gouvernement de respecter ses propres normes de santé, ce n’est pas du NOMBRILisme – c’est exiger que le gouvernement assume ses responsabilités. Il importe de souligner que le ministère des Transports (MTQ) érige déjà des murs antibruit un peu partout dans la province et sur de multiples tronçons de l’échangeur Turcot, y compris dans les secteurs de Montréal-Ouest, du boulevard de La Vérendrye et de Côte Saint-Paul, parce qu’il reconnaît à juste titre la menace que pose la pollution sonore pour les résidents du Québec.

Nous estimons qu’il faut s’attaquer à ce problème et qu’il est préférable de le faire avant d’entreprendre le projet afin d’éviter des coûts supplémentaires en fin de parcours.

Le décret gouvernemental qui a autorisé la construction de l’échangeur Turcot exigeait en fait que la nouvelle autoroute soit construite plus bas sur tout le tronçon bordant la Ville de Westmount. L’abaissement de l’autoroute a même été explicitement identifié comme un objectif fondamental du projet, afin que la pollution sonore et les autres émissions des véhicules puissent être réduites par rapport aux niveaux élevés prévus.

Ces plans ont cependant été modifiés sans préavis et sans aucune consultation auprès de la Ville de Westmount ni auprès des résidents du secteur. Le MTQ a pris unilatéralement la décision de garder l’autoroute à sa hauteur actuelle sur la moitié de sa longueur le long de la limite sud de Westmount. Nous avons ensuite essayé d’engager un dialogue avec les représentants du gouvernement et demandé au ministre des Transports d’intervenir. Nos efforts pour établir un dialogue ayant été infructueux, nous n’avions d’autre choix que d’aller devant les tribunaux.

Le MTQ n’a même pas pris la peine de demander un amendement au décret gouvernemental de 2010 afin d’approuver ces changements, bien qu’il ait demandé des amendements visant d’autres changements beaucoup moins importants que celui-ci.

Notre but n’est pas de bloquer la construction de l’autoroute 136. Tout au contraire, nous avons bien hâte qu’elle soit achevée. Nous sommes toutefois convaincus qu’il faudra éventuellement ériger un mur antibruit. Il est tout à fait logique de le prévoir dès le stade de la conception plutôt que de l’ajouter à grands frais après coup.

Les stéréotypes désuets et inexacts dont l’auteur affuble les résidents de Westmount ne me dissuaderont certainement pas de lutter pour les droits des résidents de ma ville. Quant à l’information erronée qu’il a donnée à propos des citoyens de Côte Saint-Luc qui s’opposeraient au prolongement du boulevard Cavendish, une recherche de 30 secondes sur Google lui aurait appris que le maire actuel et les anciens maires de Côte Saint-Luc ont travaillé sans relâche à réaliser ce projet. Les faits relatifs à ces questions cruciales revêtent une grande importance : il fallait les rétablir.

La mairesse de Westmount,

Christina M. Smith